Depuis 1992, le Festival International des Jardins est un laboratoire de l’innovation contemporaine dans le domaine de la création paysagère.
Lors de chaque édition, vingt équipes sont sélectionnées. Chacune d’elle est en charge de la conception et de la réalisation d’une parcelle. “Jardins de la pensée“ est le thème de l’édition 2018. Le projet développé par l’équipe est «Hortus Allegoricus».
« ...Et lorsqu’il arriverait à la lumière, les yeux inondés de l’éclat du jour, serait-il capable de voir ne fût-ce qu’une seule des choses qu’à présent on lui dirait être vraies ? »
Platon, Le République, Livre VII
Voir, imaginer, se laisser séduire d’abord, puis arpenter, découvrir et comprendre. L’installation réinterprète « l’Allégorie de la caverne » de Platon. La déambulation en séquences au sein du jardin clos, « hortus conclusus », invite à la réflexion, à penser par soi-même, le temps d’une promenade.
D’abord, faire croire à l’idée de nature grâce à une série de voilages suspendus. Ils dissimulent le jardin tout en laissant entrevoir une végétation fantasque animée par une composition de plumes colorées intrigantes et mouvantes. C’est l’Illusion du départ.
Puis, la promenade se poursuit le long du voile, les ombres des graminées se dessinent et s’animent telles des ombres chinoises. Arrivé à l’angle du parcours, les rideaux s’inversent, le promeneur se retrouve au cœur du lieu clos. Le jardin se dévoile en affirmant des teintes profondes et délicates, révélant un tableau changeant au gré de la promenade et de la saisonnalité. Les feuillages pourpres, bleu argenté et or des armoises, euphorbes ou eragrostis, laissent surgir une composition florale précieuse. Sauges, centaurées ou scabieuses noires offrent un dégradé subtil de violet, carmin et pourpre, propice à la contemplation et au repos.
Enfin, assis à l’abri des chaleurs estivales et des intempéries, le visiteur perçoit l’espace dans sa globalité : un cloître, ou plutôt, un cloître asymétrique. Les ombres se projettent sur les rideaux, s’allongent, s’effacent et évoluent. Le jardin amplifie ce mouvement et résonne par sa profondeur chromatique avec la blancheur de l’éclat du jour. Ce qui était caché au départ est désormais révélé : le ciel et la connaissance du Réel, le « Monde intelligible » de Platon.